
Amandine Glévarec – Pouvez-vous nous présenter Zulma ? Je crois qu’il y a eu un anniversaire récemment ?
Laure Leroy – Nous étions censés fêter nos trente ans cette année, mais j’ai dû reporter à l’année prochaine. La maison a été créée en 91, et en 2006 je l’ai totalement refondée. Il y a eu deux périodes dans son histoire. Dès le début je dirigeais la maison mais nous étions plusieurs, j’avais 23 ans et pour toute expérience un certain nombre de stages dans l’édition, donc c’était courageux… ou totalement délirant. Pendant les quinze premières années, j’ai appris le métier. Diriger une maison d’édition indépendante ne se réduit pas au métier d’éditeur, il faut savoir gérer une entreprise, connaître tous les métiers de l’édition, de la fabrication en passant par l’éditorial, la communication, la comptabilité, toutes les questions juridiques. C’est un métier assez complexe. Le code de la propriété littéraire, par exemple, n’est pas rendu plus simple parce qu’on est une plus petite structure. Au bout de quinze ans – quand j’ai commencé à maîtriser toutes ces questions-là – le moment était venu de faire table rase, de repenser absolument tout dans le fonctionnement et dans l’existence mêmes de la maison. J’ai alors relancé Zulma telle qu’on la connaît aujourd’hui, c’est-à-dire avec une relation très forte à la librairie, des couvertures très identifiables, une production très resserrée, une ligne éditoriale qui sort du mainstream, avec une ouverture aux littératures du monde entier, là où d’autres éditeurs finalement allaient assez peu. Évidemment, publier aussi de la littérature française ou francophone m’importe tout autant. Dans tous les cas, quand un écrivain écrit dans une langue, il porte avec lui toute la culture de cette langue. Écrire en malayalam, en tamoul, en anglais ou en français implique une manière différente de raconter une histoire. Et dans cet univers mondialisé, globalisé, les écrivains contemporains de partout dans le monde partagent une culture commune, mais chacun va pouvoir l’habiter d’une manière qui est aussi liée à sa langue d’écriture.
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