L’Alliance des éditeurs indépendants

Amandine Glévarec – l’Alliance internationale des éditeurs indépendants, c’est quoi ? 

Camille Cloarec (chargée de l’animation du réseau francophone, des projets de coédition et de traduction) – Ce sont plus de 800 maisons d’édition indépendantes dans 55 pays à travers le monde, qui sont réparties par réseaux linguistiques. Le réseau francophone est un des  plus importants et se situe principalement en Afrique. Le deuxième est l’hispanophone, la plupart de ses membres sont en Amérique latine. Viennent ensuite les réseaux anglophone, arabophone, persanophone et lusophone. 

A. G. – Quels sont les objectifs de l’Alliance ? 

C. C. – Il s’agit d’un réseau professionnel de solidarité. L’Alliance défend la bibliodiversité, c’est-à-dire l’accès équitable aux livres et à la diversité littéraire, où que l’on soit dans le monde. Mais elle défend aussi bien sûr l’édition indépendante. Plusieurs actions sont menées : nous organisons des événements professionnels mais nous avons également un rôle important, assez politique, de plaidoyers. Enfin, nous assurons la coordination entre les membres et soutenons avec eux des projets de coédition. Les maisons d’édition adhérentes rejoignent le réseau pour construire des relations, professionnelles et amicales, mais aussi pour appartenir à un collectif qui se montre toujours plus fort, particulièrement dans les pays où il n’y a pas de défense de l’édition indépendante ou de moyens accordés à la culture. Il y a deux formes d’adhésion à l’Alliance : soit l’adhésion individuelle d’une maison d’édition, soit l’adhésion d’un collectif de maisons indépendantes. C’est particulièrement le cas en Amérique latine, au Chili par exemple. 

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Éditions Matin Calme

Amandine Glévarec – Quel lecteur étais-tu enfant ? 

Pierre Bisiou – Assez boulimique. Je suis content, il y a des Arsène Lupin partout en ce moment, et j’ai vraiment commencé à lire avec cette série quand j’étais petit, j’adorais ça. Après j’ai lu pas mal de SF, de la poésie, des romans, tout.

A. G. – Comment embrayes-tu par la passion qui devient un métier ? Par les études ? 

P. B. – Mon père lisait beaucoup, j’ai toujours baigné dans les livres. J’ai aussi eu la chance d’avoir de bons profs de français au bon moment. Quant aux études, je ne travaillais pas beaucoup, je lisais, je lisais et je prenais des cafés avec les copains (rires). Mes études ont donc été assez longues, j’ai fait trois Terminales, et j’ai fini par avoir mon Bac en Suède. Je ne savais pas trop quoi faire après, alors j’ai fait psycho, et puis philo, et ça s’est arrêté là. 

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Éditions Allia

Amandine Glévarec – Cher Gérard, je suis ravie de vous rencontrer, d’autant plus que vous avez plutôt la réputation d’être un homme discret. C’est une volonté de vous tenir quelque peu en dehors du monde littéraire ? 

Gérard Berréby – Avant tout, c’est par convenance personnelle, cela correspond à mon tempérament. Je n’ai absolument aucune envie de bousculer ma tendance personnelle. 

A. G. – Serait-ce aussi une posture d’éditeur de se dire que l’intérêt est de mettre en avant les livres, et de ne vous voir que comme un passeur ? 

G. B. – Je ne crois pas car dans une posture il y a une dimension spectaculaire, une dimension de représentation dans laquelle le paraître prime sur le reste, et pour moi ce n’est pas du tout le cas. Je ne peux pas être à la fois juge et partie. Je fais des choses, je les fais à ma guise, avec mes propres moyens, et je peux difficilement commenter ce que je fais. Si cela est perçu comme de la discrétion ou comme mystérieux, secret, bizarre, je suis d’accord, je ne suis contre aucune opinion. Mais ce n’est pas à moi de commenter les commentaires sur mon travail, sinon on n’en finirait pas. Je fais les choses car je pense que je dois les faire ainsi, mais je ne donne pas de leçons, je ne veux surtout pas avoir la responsabilité d’être un modèle. Ce qui compte le plus pour moi est ce qui est rendu public dans ce que nous faisons, ce que j’anime, coordonne ou dirige.

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L’Atalante

Amandine Glévarec – Chère Mireille, la librairie a été créée avant la maison d’édition ?

Mireille Rivalland – Oui, nous avons fêté en 2019 les 30 ans des éditions, mais la librairie L’Atalante en a plus de quarante. Elle a été créée en 1978 : vingt-cinq mètres carrés rue de l’Échelle, à Nantes, dans une rue maintenant très fréquentée mais à l’époque assez confidentielle. Un tout petit espace dans lequel Pierre Michaut – qui n’était pas du tout du monde du livre mais grand amateur de polars et de science-fiction, et qui était dans un moment de remise en question – a décidé de monter une librairie. Il a trouvé ce local et L’Atalante est née comme ça. Certes, il n’y avait pas autant de parutions que maintenant, mais dans un si petit local c’était tout de même assez improbable.

Il vouait aussi une grande passion au cinéma. Son premier choix de nom était « La Lune vague », mais c’était déjà pris, et de réflexions en réflexions, tout d’un coup « L’Atalante » s’est imposé. C’était aussi un film mythique pour lui, et il se trouve que « L’Atalante », avec tout ce que ça comporte de péniches, de fluvial… à Nantes, c’était très joli. « La Lune vague » faisait référence au cinéma asiatique, qui n’était pas encore très connu, ça faisait très cinéphile, et « L’Atalante » était sans doute plus prosaïque, mais ça s’est avéré finalement un choix avec lequel on est toujours très à l’aise.

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Rocambole

Amandine Glévarec — Bonjour François, pourriez-vous vous présenter ?

François Delporte — J’ai 29 ans et j’ai un parcours somme toute assez classique : DUT GEA, école de commerce de Montpellier puis l’emlyon, je me suis ensuite spécialisé en finance d’entreprise. J’ai d’abord travaillé en fonds d’investissement Impact social, puis je suis passé de l’autre côté de la barrière en devenant responsable financier d’une start-up dans laquelle on voulait investir. Je me suis rendu compte qu’avec le cash, on ne pouvait pas régler tous les problèmes, j’ai vu l’envers du décor. Alors je suis parti 18 mois au Benelux faire de la tech chez IBM, dans le Graduate Program, puis j’ai définitivement cédé aux sirènes de l’entrepreneuriat.  

A. G. — De quelle manière, concrètement ?

F. D. — J’ai rencontré Camille en 2018. Je venais d’entrer chez IBM, elle travaillait dans l’édition numérique et la littérature, et venait de développer une interface pour aider les enfants atteints de troubles de la lecture. Cette année-là, une étude du CNL a révélé que 69 % des Français aimeraient lire davantage. Ce chiffre a en quelque sorte scellé notre destin. Elle connaissait bien ce domaine et, à mon niveau, j’avais très envie d’entreprendre. 

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