Amandine Glévarec – Chère Emmanuelle, vous êtes libraire au Centre Culturel Suisse à Paris. Quelle est la vocation première du CCS ?
Emmanuelle Brom – Le Centre culturel suisse est un lieu de promotion/diffusion des artistes suisses. La librairie se veut être le reflet de la mission du CCS mais côté livres. La programmation se déroule sur trois expositions pluridisciplinaires par an d’environ trois mois chacune. Le CCS accompagne chaque exposition d’un journal, Le Phare, qui reprend en détail la programmation et qui donne aussi sa place aux livres parus récemment dans les pages « made in CH ».
A. G. – Je n’ai pas encore eu le plaisir de visiter votre librairie, mais que pourrais-je imaginer y trouver ?
E. B. – Nous proposons des ouvrages d’artistes/auteurs/éditeurs suisses dans les domaines de l’art contemporain, du graphisme, de l’architecture, la photographie, la littérature et les ouvrages jeunesse. La librairie a entièrement été conçue par le duo d’architectes Jakob/Macfarlane en 2010.
Nous avons aussi bien entendu les ouvrages édités par le CCS qui publie un ouvrage à l’occasion de chacune de ses expositions, le prochain à sortir étant celui retraçant les 30 ans d’existence du CCS.
Vous trouverez également en ce moment les plus beaux livres suisses, car tous les ans de septembre à décembre nous présentons l’exposition des plus beaux livres suisses, livres primés pour leur graphisme et leur design. Certains de ces ouvrages ont même été primés au concours des plus beaux livres du monde entier…
A. G. – Est-ce facile de vous tenir informée des publications suisses en vivant à Paris ?
E. B. – Oui et non. En tant que petite librairie proposant des ouvrages ciblés il nous a été quelques fois difficile d’ouvrir des comptes auprès des distributeurs afin de pouvoir obtenir les livres et surtout avoir les informations de sortie des ouvrages et un suivi du/des représentants nous aiguillant sur les ouvrages ayant un lien avec la Suisse. Mais depuis 5 ans que je m’occupe de cette librairie je me rends compte que de plus en plus de maisons d’éditions suisses disposent maintenant d’un circuit de distribution français et cela me réjouit. Pour les éditeurs qui ne disposent pas de ce circuit, je travaille en direct avec eux, le plus souvent en dépôt avec un partage des frais de port. Mon travail au quotidien est de chercher, dénicher les ouvrages présentant un lien avec la Suisse et qui pourraient avoir leur place à la librairie. La plupart du temps les éditeurs, les auteurs, les graphistes que je contacte sont ravis de voir leurs publications à la librairie, que certains ne connaissaient pas et découvrent.
A. G. – Votre clientèle est-elle composée de Suisses en mal du pays ou de Français intéressés par une littérature qu’ils ne connaissent que peu ou mal ?
E. B. – Nos clients sont divers : graphistes, architectes, touristes, curieux, amoureux de la Suisse, souvent aussi les visiteurs du CCS (la configuration des lieux fait que l’espace d’exposition est situé un peu après la librairie).
D’une manière générale les gens savent qu’en entrant dans la librairie ils trouvent des livres qu’ils ne trouvent pas ailleurs, je parle là notamment des ouvrages en graphisme, architecture, art et photographie. Dans ces domaines-là, le lien suisse est bien identifié par les gens qui nous font souvent la demande d’ouvrages que parfois nous ne connaissions pas. En littérature le lien suisse est moins clair, par exemple un jour un client m’a demandé pourquoi j’avais mis un ouvrage de Joël Dicker en vitrine vu qu’il est belge… Les ouvrages de Joël Dicker ont cartonné dans bon nombre de librairies, mais chez nous moins d’une dizaine de La Vérité sur l’affaire Harry Quebert a été vendu alors que nous l’avons laissé plus d’un mois en vitrine. L’explication tient peut-être du fait que les auteurs suisses dont les ouvrages sont dans un circuit de distribution française ont la chance d’être dans toutes les bonnes librairies généralistes, et puis peut-être aussi que le critère de leur nationalité suisse n’est pas un élément qui saute aux yeux.
A. G. – Accueillez-vous volontiers des auteurs romands pour des dédicaces, organisez-vous des événements ?
E. B. – Avec plaisir nous accueillons les signatures d’ouvrages (dans tous les domaines que traite la librairie), qui se font le plus souvent le soir (18-20h) en semaine.
A. G. – Question subsidiaire : un coup de cœur à nous conseiller, chère consœur libraire ?
E. B. – J’ai dernièrement adoré lire Cabinet Portrait de Jean Luc Benoziglio. Je lis en ce moment Le Prix d’Antoinette Rychner et j’aime beaucoup l’écriture de cette auteure.
En jeunesse je suis particulièrement touchée par les ouvrages de Germano Zullo et Albertine, Les Oiseaux par exemple fait partie des livres que je recommande souvent, et la petite merveille Mon tout petit, d’ailleurs autant un livre pour enfant que pour parents. Côté photographie les éditions Patrick Frey proposent toujours des ouvrages de qualité, le dernier qui m’a beaucoup plu est Weststrasse de Corina Flühmann.