Bébert au bistrot – Sébastien G. Couture

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Vu ma maîtrise du Bébert, et encore plus de celle des bistrots, je me sens diablement en mesure de vous parler de la charmante BD éthylique parue aux éditions Faim de siècle & Cousu Mouche, et en deux tomes s’il vous plaît. D’un format incomparablement pratique, et d’un principe des plus évidents (quatre cases, décor immuable), Bébert a tous les atouts pour devenir la référence des piliers de comptoir. Ce n’est pas notre héros qui part découvrir le monde, c’est le monde qui vient à lui, et ça, c’est la classe. Il dort chez sa maman mais vit chez Alfred, charmant tenancier anonyme qui ne découvre que ses gros bras poilus, copine avec Mémeth – pourvoyeur officiel de gros rouge qui tâche – et avec quelques autres dont les bulles nous arrivent tribord toutes.

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La vie du Bébert, c’est toute une organisation à part entière. Alterner rouge et blanc, faire passer avec une petite mousse, garder l’air blasé de circonstance, de celui qui en a trop vu, de celui qui en a trop bu. Se raser, à quoi bon, ce ne sont pas les filles qui viendront le déranger dans son bouge, avec des envies d’homme classe. Alors il reste les potos, et surtout une langue bien pendue pour commenter l’actualité, et celle des amis de passage, et celle du reste du monde. Bébert a la gouaille, l’art de la brève, celle du comptoir. Alcoolisé mais lucide, il garde la maitrise de ses priorités : avoir à disposition un verre toujours à moitié plein plutôt qu’un verre à moitié vide.

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La BD a beau atteindre les 2 grammes dans chaque poche, Sébastien G. Couture tient le cap avec ses quatre cases à remplir à chaque page. Les dialogues (scénarios !) signés du dessinateur, mais aussi de Michaël Perruchoud (et de quelques invités de passage) (ça sent l’apéro à plein nez cette histoire-là) sont bien assez bien vus et bien assez sentis pour donner au lecteur l’envie de s’enfiler Le Fond du verre est frais et Tournée individuelle, le tout cul-sec. Et pour les plus accros, la suite des aventures de Bébert est à découvrir – carrément – sur le site de Cousu Mouche. Je dis ça, je dis rien, mais attention à la dépendance.