Amandine Glévarec – Pourquoi êtes-vous devenus éditeurs, alors que vous n’avez – a priori – aucun lien avec le milieu littéraire suisse romand ?
Éditions À l’Envers – Pour elle, l’intérêt pour les langues et les textes a toujours été présent, ce qui l’a menée à débuter des études d’interprétation et traduction. C’est une passion dévorante pour les livres qui l’a poussée à faire de celle-ci un métier.
Pour lui, c’est à la suite d’une formation de graphiste et d’une passion pour l’imprimé en général qu’au fil de diverses rencontres d’imprimeurs et d’éditeurs d’art que la passion pour créer des livres s’est concrétisée en métier.
A. G. – Comment êtes-vous devenus éditeurs, concrètement ? Où se trouvent les manuscrits, le matériel, les diffuseurs, le réseau, les clients ?
Éditions À l’Envers – Nous sommes devenus éditeurs par notre propre bagage, sans avoir fait d’études dans le domaine de l’édition. Plus concrètement nous avons commencé par définir quel type de textes nous souhaitions éditer et sous quelle forme, créer la structure de notre maison d’édition, définir un nom, créer un site internet et commencer à communiquer via les réseaux sociaux. Les premiers textes (Sarah Penfolds : Quelque(s) part(s) et Le Troubadour : Le terme) sont arrivés jusqu’à nous par le bouche-à-oreille, après avoir réalisés des premières maquettes nous avons pris rendez-vous chez plusieurs diffuseurs. C’est avec Dargaud Suisse que nous avons décidé de démarrer cette aventure. Grâce à eux nous sommes disponibles et visibles dans la plupart des librairies de Suisse romande.
A. G. – Vous avez commencé très fort, avec 1000 exemplaires et 1000 couvertures uniques du roman-essai Quelque(s) part(s) de Sarah Penfolds. Pourquoi ce choix ambitieux ? Quelles sont les techniques utilisées ?
Éditions À l’Envers – Nous avons choisi un tirage de 1000 exemplaires en prévoyant une diffusion pour d’autres pays francophones pour 2015. Nous avons eu un coup de cœur pour cette jeune auteure et pour son premier texte, c’était pour nous un coup marqué comme l’une des premières pierres de l’édifice. Pour la production, le corps intérieur de l’ouvrage est imprimé en offset, technique d’impression classique et moderne, pour la couverture, celle-ci a d’abord été travaillée à la main avec de l’encre noire puis le titre a été surimprimé en offset, ce qui nous a permis de réaliser 1000 couvertures différentes et uniques. L’ouvrage est relié cousu avec du fil, en cahier de 16 pages. La couture au fil permet une lecture aisée et surtout une excellente résistance aux lectures qui nous l’espérons seront nombreuses !
A. G. – Pour la très belle réédition du Mutus Liber, la démarche pour accéder au manuscrit et les techniques utilisées sont différentes, pourriez-vous nous raconter votre cheminement, des raisons de votre choix au résultat final ?
Éditions À l’Envers – Pour avoir accès à l’édition originale de 1677 nous avons fait plusieurs recherches dans des bibliothèques nationales, pour finalement trouver un exemplaire original dans la bibliothèque de C. G. Jung à Zürich. Dans un premier temps, l’accès à celui-ci nous a été refusé, l’ouvrage étant trop précieux et rare. Nous avons réitéré notre demande motivée du fait que nous souhaitions en faire une réédition à l’ancienne, imprimée à la main en taille-douce dans notre atelier. À notre grande surprise les portes de la maison privée de C. G. Jung nous ont été ouvertes afin de consulter l’original durant une après-midi entière. Une fois imbibés de l’ouvrage nous nous sommes procuré les documents numériques de celui-ci afin de pouvoir réaliser des nouvelles matrices d’impressions. Celles-ci ont été réalisées par le graveur-imprimeur taille-doucier Raymond Meyer à Pully, d’après les scann des tirages originaux, nous avons donc aboutis à de nouvelles plaques de cuivres gravées à l’acide, comme réalisé en 1677 pour l’original. Il était important pour nous de faire une belle réédition de cet ouvrage ancestrale avec une grande qualité d’impression des images car dans les éditions précédentes celles-ci ont souvent été mal reproduites car le livre était plutôt axé sur les commentaires ajoutés plutôt que sur les planches originales.
A.G. – Envisagez-vous d’autres rééditions de manuscrits rares ou de parchemins ?
Éditions À l’Envers – Oui, nous avons déjà quelques idées pour les suivants.
A. G. – Vous avez d’autres projets sous le coude, un conte, un livre-photo. Qu’est-ce qui motive vos choix ? Le goût du bel ouvrage et des livres objets ? Avez-vous défini une ligne éditoriale ?
Éditions À l’Envers – Oui nous avons d’autres livres qui arrivent, certains déjà annoncés comme le livre de (méta)photographies de F.A Parisod. Nos choix sont surtout guidés par nos coups de cœur avec une ligne qui mène à une réflexion sur soi et le monde en général.
A. G. – Tout a commencé très vite pour vous, que pouvons-nous vous souhaiter pour 2015 ?
Éditions À l’Envers – De continuer notre chemin allant vers.