Nuggets est un drôle de petit livre. Qui m’a d’abord donné mal à la tête. Puis qui m’a plongée dans une ambiance à la Bret Easton Ellis. Ce qui n’est pas forcément un remède à la migraine, soit. Disons que Howard Grace tient son concept et ne le lâche plus. Il s’amuse des situations et des prénoms, en une sorte de mélopée titillante.
Démonstration :
Élise aime les règles parce qu’Élise a peur du chaos.
Élise réalise qu’elle ignore tout du chaos.
Élise goûte prudemment à quelques miettes du désordre ambiant.
Élise a horreur du chaos, mais elle peut dire qu’elle n’aime plus les règles et qu’elle est libre.
La liberté d’Élise est une toute petite lucarne sur le désordre qui l’effraie.
Là, je vous la fais soft, mais j’avoue que la plupart de ces courts poèmes ont de grosses tendances pornographiques. Dans une sorte de name dropping effréné, Howard Grace (existe-t-il ? La quatrième pourrait nous en faire douter) nous campe des situations, avec une sorte de logique à la le-singe-descend-de-l’arbre-l’homme-descend-du-singe-donc-l’homme-descend-de-l’arbre qui, effectivement, fait rire. De surprise. Mais aussi rire avec les dents qui grincent, ce qui peut être 1) déconseillé pour une certaine partie des lecteurs 2) douloureux. Comme des petits refrains sataniques, les courtes histoires d’Howard Grace entêtent et marquent. Admettons que ce n’est déjà pas si mal. Et que l’envie est presque là d’imiter le maitre. À la Howard-écrit-des-poèmes-avec-du-sexe-dedans-Howard-aime-faire-grincer-les-dents-Howard-aime-le-sexe-avec-les-dents.
Herbert n’aime pas son travail.
Herbert aime le sexe tarifé.
Herbert constate que c’est le travail qui lui permet de s’offrir du sexe tarifé.
Herbert aime son travail parce que cela lui permet de s’offrir du sexe tarifé.
Le sexe tarifé permet à Herbert d’aimer son travail.
Éditions Torticolis & frères